STAGE DE PREPARATION AU CHAMPIONNAT DE FRANCE MILITAIRE A
LA CAVALERIE (12)
Il y a des coïncidences qui ne trompent pas ! Au moment où l’équipe de France de football part en stage à Tignes, l’équipe de course d’orientation de la Garde Républicaine part pour les plateaux désertiques de l’Aveyron ! Et comme Raymond Domenech, Didier Groshens aura fort à faire pour sélectionner ceux qui formeront l’équipe aux France militaires en juin prochain… Beaucoup d’appelés, et peu d’élus.
Le groupe est constitué de D. Groshens, J-P. l’Héritier, P. Lesault, F. Martel, E. Duburquois, P. Boudet, F. Dufresne, P. Gublin et W. Guillemin auxquels sont venus s’ajouter deux anciens membres de l'équipe de la Garde, les gendarmes S. Brisbare et M. Tirbois.
Il faut en revanche déplorer l’absence de Y. Cadart pour blessure. Malgré cette déception, nous sommes excités au premier contact avec le terrain, sur la carte très réputée du Caylar. Le relief est dantesque : lunaire, minéral et escarpé à souhait. Il nous réserve des moments techniques et physiques en même temps.
Le premier exercice consiste en une pose suivie d’un sprint ! Pour inaugurer le stage, chacun a à cœur de montrer ce qu’il sait faire ; juste pour intimider les autres ! C’est ainsi que cette petite course apéritive s’est transformé en raid pour plusieurs d’entre nous… 2 km en 30 minutes, pas mal monsieur Tirbois, c’est à douter que tu aies jamais fais partie de l’équipe ! On a cru rêver aussi quand Fabien a été révélé PM… sur une course de 8 postes !!! Du jamais vu… Du haut de son rocher, le coachissime mesurait le travail qu’il allait falloir fournir pendant ces 5 jours… long est le chemin qui nous mène au succès !!!
Pour corser le stage, on a convenu d’un challenge ! Tous les temps seront additionnés pour déterminer, jour après jour, le leader du classement général ! Nouveauté cette année avec le port d'une tenue spéciale pour le leader de la course........
Ne sont ils pas mignons????
Après les derniers effarements, nous retournons à nos pénates : douchés, restaurés, débriefés, couchés !
MARDI 18 MAI
Ce jour marque le vrai début des hostilités ! Sans doute qu’hier, abrutis par la fatigue du voyage, certains n’ont pas pu donner le mesure de leur talent ! Mais là ! Plus d’excuse possible ! F. Dufresne a bien tenté de nous apitoyer avec son genou qui part en live, mais rien n’y fait : seul le résultat de la course compte, les excuses sont pour les faibles !
On enlève l'élasto Fabien????
Le Caylar ! Ce nom évoque chez les orienteurs chevronnés des souvenirs de courses très très techniques et très physiques !
Mais pour nous, les bleus, les tendres, dont l’enthousiasme le dispute à l’inconscience, quelques précautions seront distillées par le coach ! Pour éviter une mise en orbite, chacun devra « adapter » sa vitesse de course à la réalité du terrain ! Ici, « adapter », cela signifie « freiner des quatre fers ». Afin d’ajouter à la difficulté de cette carte, il a précédé la course en ligne d’un suivi d’itinéraire tortueux et étroit à souhait ! Le principe est simple, il faut suivre un couloir qui emmène jusqu’à la balise 1. Si on s’écarte de ce parcours imposé, on court deux risques : le premier est de manquer une balise-mystère (sanction : + 10 minutes) ; le deuxième est de faire un hors-carte rédhibitoire ! Cet écueil passé, la vraie course commence ! Avec ses papillons, ses postes-à-postes, ses longs partiels, ses falaises, … , rien ne manquait ! On ne pouvait pas imaginer qu’une seule course puisse concentrer autant de difficultés, proposer autant de diversité dans le choix des itinéraires et des points d’attaques, alterner subtilité dans la lecture et brutalité dans l’engagement !!! Enfin, comme si c’était encore trop facile, il faut terminer par un ultime suivi d’itinéraire…
Pendant que l’on trimait, notre coach nous observait sur son rocher ! L’exercice a révélé bien des surprises et bien des déconvenues ! Sur le suivi d’itinéraire, Perrine, Yoyo et Miguel ont réalisé des exploits que la science de l’orientation ne pourra jamais expliquer : satellisés hors du tracé, ils ont réussi à retomber miraculeusement sur le parcours ! … à plusieurs reprises !!! Sur ce parcours, la moindre distraction se compte en minutes : Franck qui achevait une course d’anthologie a tout perdu pour avoir frôlé l’avant-dernière balise ! Frôlé, mais pas poinçonné !!!
Malgré toutes ces vicissitudes, chacun a terminé la course avec le sentiment d’avoir fait un exercice hors norme ! Il faut un supplément d’énergie pour aller débaliser dans la foulée !
Il y en a un qui fait tout pour ne pas perdre le Nord même pendant la sieste........
Le midi on va pique-niquer à Sainte-Eulalie. Puis, l’après-midi Didier et Perrine vont aller poser la désormais traditionnelle course en descente, tandis que le reste de l’équipe ira s’occuper de la pose de la longue distance de jeudi sur le terrain du Caylar. Pas de sprint pour clore la journée, tout le monde est fourbu, mais surtout parce qu’il a fallu 3 heures à Didier et Perrine pour poser 27 balises…
Quand le coach explique les subtilités du terrain des Causses, il prend son temps…
Juste à temps pour aller dîner!
La journée n’est pas terminée pour autant! Comme au stage précédent, tout le monde se remobilise pour le débriefing! Grâce à la technologie (Garmin, Quick route, ordinateur et rétro projecteur) nous pouvons partager nos parcours et nos avis sur les stratégies de chacun! L’atmosphère fut studieuse et décontractée!
MERCREDI 19 MAI
A Sainte-Eulalie, il y a maintenant une course qui est devenue traditionnelle quand on vient en stage dans cette région, c’est le « super G »! Un parcours qui s’effectue tout en descente (ou presque)! Le départ a lieu sur le sommet qui surplombe le village de Sainte-Eulalie, sous un ciel d’azur constellé de 4 vautours chauves! Peut-être ces derniers attendaient-ils que nous nous abîmassions dans les ravins pour commencer leur repas! La particularité de cette course, c’est qu’on peut presque voir tout le parcours du début à la fin! On peut aussi voir évoluer les coureurs (quand la couleur de leur tenue les distingue bien de la végétation!): leurs hésitations, leurs fulgurances, leurs errements… Et bien qu’au fait des difficultés qui l’attendent, le coureur qui suit ne peut pas promettre d’éviter les mêmes pièges! Ce qui est d’autant plus rageant ou drôle, selon que l’on soit coureur ou observateur!
A la fin du circuit, on n’a pas pu comparer nos performances car le coach s’est trompé dans l’attribution des cartes! Au lieu d’avoir 28 postes chacun, trois coureurs n’en ont eu que 22! Malgré cette petite frustration, la course a été appréciée par tout le monde pour le côté ludique et très technique! Elle a en outre été particulièrement du goût de Miguel qui, chargé de déposer les postes, a enfin mis moins de temps que certains qui couraient en mode « compétition »! Si c’est là, la clef de la performance, je ne suis pas certain qu’il puisse la rééditer lors d’une course officielle !!!
Le midi, on pique-nique sur place! Sans attendre, on part sur la carte de Potensac pour poser la course en relais de vendredi!
Surplombant une partie de la vallée de la Dourbie, le terrain est splendide avec ses reliefs ruiniformes, ses chicots de calcaires, ses vallées asséchées et escarpées… Pour tâter les difficultés qui nous attendent, le coach nous a réservé un petit sprint de derrière les fagots ! Encore une fois ce qui devait être une course de reconnaissance s’est transformé en raid! Miguel est allé chercher midi à 14h, voire 15h…; Perrine a tendu une embuscade à Franck pour qu’il la tracte jusqu’au premier poste; un autre s’est enflammé à l’avant-dernier et s’est retrouvé au diable vauvert!!! Un orienteur averti en vaut deux ; on sait maintenant ce que nous réserve cette carte!
Après quelques courses sur Millau, on rentre dîner au camp de La Cavalerie, puis à nouveau débriefing collégial!
JEUDI 20 MAI
La course de légende! Sur le terrain du Caylar, on se prépare à la longue distance!
Deux boucles impitoyables, tant sur le plan technique que physique! On peut voir déjà la zone d’escarpements à franchir, et la montagne à gravir … deux fois!!!! Celui qui gagnera cette course aura un ascendant psychologique sur le reste de l’équipe. En plus d’être un bon coureur et un bon technicien, il faut être terriblement concentré car sur ces deux boucles de nombreuses combinaisons s’enchevêtrent ! Pas question de suivre un camarade dans ces conditions ! Et comme c’est une mass start, il faut être dans la carte dès le début ! Il fait chaud, le terrain est hostile ! Franck s’est rendu compte dès le début de la course que son genou est moins solide que du calcaire… Pierre s’envole dès le début ; Jean-Philippe est au coude à coude avec Erwan pour la deuxième place, mais la hiérarchie sera respectée. Il faut noter la performance de Willy qui vient tutoyer le coach, et humilier Fabien et Sebastien!
Une fois cette épreuve passée, il faut dans la foulée débaliser et ensuite nous pouvons prétendre au repas bien mérité ! Franck nous ressert encore de son jambon qui suinte au soleil!!!
Sous un soleil de plomb, on retourne sur la carte du premier jour! Pendant que l’on sieste, Didier va poser un petit sprint digestif!
Il est temps que le stage se termine pour notre ami J-P.....
Encore une fois, c’est très technique! Encore une fois les fondamentaux sont abolis… La précipitation l’emporte sur la lecture de carte! Et les effets ne se font pas attendre! Tout le monde vendange un voire plusieurs postes, le seul qui réussit honnêtement, c’est Franck dont le capital-fraîcheur n’a pas été entamé par la course du matin (…). En revanche, il faut déplorer la blessure de Jean-Phi qui, malgré ça, en a battu plus d’un!!!
On rentre, on mange et on termine la journée par les débriefing des courses!!!
VENDREDI 21 MAI
La journée encore une fois est magnifique, et c’est avec un petit pincement qu’on aborde la dernière manche du stage ! Ici à Potensac le cadre est idyllique pour faire de la C.O. Dans un coin isolé du Larzac, entre des blocs cyclopéens aux formes improbables, nous avons établi point central de la traditionnelle course en relais qui clôt nos stages. Ici, dans cette forêt minérale, il s’agit de bien prendre ses repères pour retrouver au plus vite cette base ! Les équipes sont composées d’un « ancien » et d’un « jeune », chacun devant effectuer six circuits de taille et d’échelle différente.
Tout les moyens sont bons pour gagner lors de ce relais.....Même à balancer des rochers sur les autres équipes.....
Quand le premier termine, il transmet le doigt et la carte à son équipier!!! Avec cette formule, il faut apprendre à gérer le stress et la précipitation! En plus de ça, le coach nous suivait avec sa caméra embarquée pour étudier de près notre technique et notre capacité à rester concentré! On attend la compilation qui doit se résumer certainement à un énorme bêtisier… Une mention spéciale est à apporter à Perrine qui a couru contre les seniors et les élites, et n’a pas démérité!!!
Quand tout fut consommé, il ne nous restait plus qu’à embrasser une dernière fois des yeux ce paysage austère et magique, en songeant que dans peu de temps il nous manquerait déjà…
Pour ne pas achever trop brutalement ce stage, nous avons décidé de consacrer une heure trente à la visite du très fameux chaos de Montpellier-le-vieux! Ce dernier baroude a scellé la très bonne ambiance qui a régné tout au long de cette semaine!
La motivation, le sérieux et la bonne humeur sont les qualités qui ont présidé au bon déroulement des exercices. Malgré des fortunes diverses, personne n’a ménagé ses efforts car chacun a bien senti que l’engagement était bien la meilleure façon de récompenser le coach pour la préparation parfaite du stage.
TEXTE: Erwan Duburquois.